Mine de rien, malgré tout ce qui se trame dans ce monde, Bouge Petit vient de passer ses 5 ans d’existence. J’allais même l’oublier. Après-tout, cela fait déjà 2 ans jour pour jour que nous jouons aux montagnes russes d’ouvertures et de fermetures au gré des décisions de nos gouvernements et dirigeants.
Sachant que 60% des nouveaux restaurants ferment au cours de leurs trois premières années d’existence, et cela avant toute sorte de pandémie, nous pouvons dire que de se rendre à 5 ans passe pour un exploit. Tout n’est pas chance. Nous avons travaillé fort, et nous avons été bénis par Dieu. Évidemment, tout n’a pas toujours été rose, nous avons passé par un nombre innombrables d’émotions, souvent se sentant abandonnés de part et d’autre. Dans les faits, Bouge Petit a plutôt 6 ans, car il est né de nos idées, mon épouse et moi, quelques semaines après la naissance de notre deuxième garçon. Et en avril 2016, on incorporait l’entreprise, officialisant le début de notre folle aventure. Une aventure dont vous êtes le héros et où vous devez faire des choix à chaque page, souvent ne sachant pas où cela nous mènera. Nous avons souvent fait des choix d’entreprise inusités. Par exemple, dès le jour 1, nous avons fonctionné avec un système de réservation, une façon de faire unique à cette époque pré-pandémique. Autre exemple, avoir un mixte moitié aire de jeux et moitié espace café, un concept offrant une perspective innovante pour une clientèle de parents avec des enfants en très bas âge. Quand nous avons ouverts Bouge Petit en février 2017, je me rappelle encore les semaines précédentes, le nombre d’entrevues que nous avons effectuées dans un Starbuck sur Jean-Talon. Suffisamment pour que le gérant se questionne sur notre entreprise et qu’il est devenu une personne ressource pour nous donner des « insights » dans le domaine. Au total, nous avons démarré Bouge Petit avec 10 employés. Aujourd’hui, nous en avons zéro. Passer de 10 employés à aucun, cela s’est fait graduellement pendant toutes ces années et en fonction de l’évolution de notre entreprise et de notre maturité. Nous étions partis en peur, d’une façon plutôt amateur. Nous avions des idées de grandeur, qui se sont amenuisées avec le temps. On se voyait ouvrir d’autres succursales, engager plus d’employés, grandir l’entreprise. Avec les années, nous avons vu d’autres essayer de nous copier, parfois copiant notre concept jusqu’à imiter le design de notre module de jeu pratiquement marche par marche, parfois copiant mot pour mot le texte que j’ai écrit moi-même sur notre site web. Le nombre de fois que j’ai été surpris et indigné par le manque d’originalité des copy-cats, la frustration me gagnait. C’est déjà difficile de démarrer une entreprise au Québec, s’il faut en plus se faire copier comme si j’avais donné la recette de notre business à ceux-ci. Par contre, à chaque fois, je me disais : « oublie-les, quand tu copies quelque chose, tu vas inévitablement faillir ». Et inévitablement, ils faillirent tous. Toutes ces entreprises, qui se sont lancées dans leur propre aventure croyant pouvoir y réussir, toutes, ont fermé, l’une après l’autre. Cela ne m’a pas surpris, si Bouge Petit est encore ici, même après une pandémie, c’est parce que nous avons quelque chose d’unique, quelque chose d’intangible qui ne peut se copier. Mais qu’est-ce que donc ? Même moi, je me suis souvent posé la question. Qu’est-ce qui fait que Bouge Petit, dès le jour 1, a fonctionné, dans un environnement qui est pourtant réfractaire à ce type de business. Après toutes ces années, je comprends maintenant, nous avons écoutés nos cœurs et nous avons été guidés. Je crois que c’est un processus. C’est certainement un processus. Vous vous y reconnaîtrez peut-être. Voici : vous commencez quelque chose intensément, avec un but particulier en tête. Mais au fur et à mesure que vous avancez, vous remarquez que votre but change, vous réduisez la cadence, mais vous y voyez plus de bénéfices en bout de ligne. Étrangement, moins, c’est parfois plus. C’est cela. Moins, c’est plus, dans notre cas. Au début, avec nos 2 petits enfants, dont un en garderie, l’autre dans le siège d’auto à se faire trimbaler dans nos meetings avec designers, constructeurs, entrepreneurs, artistes, banques, et tout le tralala intense de démarrage d’entreprise physique en vitesse grand V. Wow, que stimulant et vivant de se partir un nouveau projet du genre. Vient ensuite le démarrage des travaux, une liste improbable de problèmes non prévus, qui commence à ajouter une certaine résistance dans notre danse. Mais bon, nos rêves sont toujours là, on ouvre avec 10 employés. Finalement, la réalité rattrape, on réduit l’effectif, on améliore les processus, on commence à connaître notre business, on optimise. Notre 3e enfant naît, une jolie fille. Le temps passe, et tranquillement on réalise qu’on n’a pas passé assez de temps avec notre 2e enfant lorsqu’il était bébé, trop occupé avec la business. On essaie de corriger la situation, on commence à repenser nos objectifs. Je commence même à prier, pour obtenir des réponses à ces questions dont les réponses ne sont pas faciles. Une de ces prières me fait réaliser que notre but a changé. Ce n’est plus de travailler autant, c’est de réduire. Ça suffit, depuis des années qu’on se démène pratiquement 7 jours sur 7. Même si un employé travaille, je dois quand même superviser, même à distance. Pas de break. Et dans quel but ? Faire plus d’argent, puis payer plus d’impôt ? Suis-je vraiment plus avancé, si je n’ai même plus le bonheur de profiter de ma famille. Plus j’ai prié, plus je me suis ouvert le cœur, plus j’ai écouté. J’ai réalisé qu’après 3 ans à travailler sans arrêt, il était temps de passer à une autre étape. Et vlan, la pandémie arrive juste au même moment. J’avais prévu réduire mon temps de travail, voilà que j’étais forcé à ne pas travailler du tout ! Évidemment cela nous a donné un stress différent, car comment payer les factures si plus d’argent ne rentre. Mais en bout de ligne, comme plusieurs personnes, cela a remis en question notre perspective face au travail. L’argent n’est plus la motivation d’avant. Évidemment, nous devons payer le loyer, les taxes, l’électricité, le gaz, les permis et tout le reste, donc il faut de l’argent. Mais nous priorisons notre famille. Maintenant avec un 4e enfant depuis deux mois, il est clair que nous avons changé. Nous ne sommes plus les mêmes qu’au début de cette folle aventure. Nous nous sommes rapprochés de notre foi, j’ai accepté Jésus dans ma vie. Je suis beaucoup plus heureux qu’avant, je fais ce que j’aime avec ma famille que j’aime beaucoup. Notre vision de la vie a changé. Nous roulons une entreprise, nous avons 4 enfants sous l’âge de 7 ans, nous faisons l’école à la maison et nous sommes heureux. Nous faisons face à des challenges, tout comme vous. Quand une montagne de problèmes semble se présenter, je prie et j’écoute mon cœur pour trouver une solution. Parfois, moins, c’est plus. Est-ce que lorsque j’ai commencé Bouge Petit il y a 5 ans, j’aurais pensé un jour être l’employé qui reçoit les clients, leurs sert un café et ose un brin de jasette avec les intéressés ? Franchement, non. Mais cela me permet d’offrir le meilleur à notre clientèle et de voir l’impact que Bouge Petit peut apporter à ces familles qui nous visitent. Et puis, travailler 3 heures un samedi au lieu des 9 ou 10 heures d’avant, c’est un soulagement pour notre vie de famille. C’est incroyable de voir mon évolution en 5 ans. Qui sait où j’en serai dans les prochaines cinq années. Et vous, avez-vous changé depuis les dernières 5 années ? Je vous souhaite de trouver votre chemin vers votre prochaine étape. Suivez votre cœur, et sachez demander de l’aide si vous n’en pouvez plus. Prenez soin de ceux qui comptent le plus dans votre vie. Faites le bien autour de vous, Dieu vous le remettra en centuple.
1 Commentaire
Le mois prochain, cela fera un an que nous avons retiré notre plus vieux de l’école alors qu’il était à la fin de sa première année du primaire. Depuis, nous faisons « l’école à la maison », aussi appelé « l’éducation à domicile ».
Peut-être avez-vous déjà un paquet de questions en tête, tout comme j’en avais lorsque mon épouse et moi faisions les pours et les contres d’aller de l’avant avec cela. Premièrement, quoi ? C’est possible (et légal) d’enlever son enfant de l’école ? Oui, tout à fait. Évidemment, la pandémie aura permise à un grand nombre de familles de découvrir cette option. Ce n’est pas quelque chose qui est discuté ou enseigné dans la société en général, donc cela reste tout de même plutôt marginal. Sachant que cela est possible, qu’est-ce que ça veut dire et comment ça fonctionne ? Là, il faut chercher. Il y a le site du gouvernement, les groupes Facebook, les blogues d’expériences de parents, etc. Revenons en avril 2021, alors que nous étions plutôt désespérés comme parents. Notre garçon avait des difficultés au niveau du développement du langage. Lorsqu’il était en garderie, cela était déjà un problème « détecté ». Par chance, nous avons été en mesure d’obtenir des services d’orthophonie au CPE une fois par semaine. Il faisait certain progrès, mais ne semblait pas en mesure de rattraper vraiment le retard. Ce retard a été mis de l’avant en première année, alors que d’être en mesure de s’exprimer clairement devenait une nécessité dans l’environnement de classe. Avec la pandémie, les suivis orthophonistes étaient pratiquement sans résultat (forçant l’utilisation de masques). Avec ce problème de langage a alors découlé d’autres problèmes : apprentissage plus lent, manque d’estime de soi, intimidation. Notre garçon a une attitude positive en général, mais on pouvait voir qu’il n’était pas heureux. Au cours des mois précédents du retrait de l’école, nous avons eu passablement de rencontres avec les spécialistes et les membres de l’école. Globalement, ce qu’on nous disait, c’est que ça lui prendrait « plus de tout » : plus d’orthophonie, plus d’orthopédagogie, plus d’apprentissage au privé, plus, plus, plus… À ce point, nous étions vraiment déconcertés. C’est alors que nous avons fait : attends minute. Est-ce qu’on veut donner une chance à notre petit de 6 ans, ou est-ce qu’on veut en faire un diplômé universitaire l’année prochaine ? La société pousse tous les enfants à être au même niveau au même moment. Mais si cela n’était pas la bonne façon de faire ? Lors d’une « rencontre au sommet » où il y a avait l’enseignante, l’orthophoniste et l’orthopédagogue dans la même salle que nous, voyant que la discussion n’allait nulle part, nous avons simplement dit : « on pense retirer notre enfant de l’école ». Évidemment, s’en est suivi la panique générale, tous nous disant que cela serait la pire chose pour notre garçon. Presque un an plus tard, c’est la meilleure chose que nous pouvions faire pour notre garçon. Je me rappelle du dernier rapport de l’orthophoniste mentionnant qu’il fallait redoubler le nombre et la durée des rencontres. Bonne nouvelle : deux mois après le retrait de notre garçon de l’école, sans service d’orthophonie ou autres, son développement du langage s’est amélioré de façon exponentielle. Vraiment incroyable. Il y a certainement beaucoup de bon à faire l’école à la maison. J’aimerais apporter une nuance ici. Je ne suis pas enseignant, et je ne veux pas l’être. Nous n’avons pas retiré notre enfant pour faire la même chose que l’école sauf à la maison. Non, ça ne ferait pas de sens. Je n’ai pas la formation, je n’ai pas l’intérêt, je n’ai pas le temps, et je ne veux juste pas faire une classe dans ma salle à manger (quoiqu’elle ressemble souvent à un studio d’artiste, le type non organisé et pêle-mêle). Ce que je viens juste d’écrire ici, j’aurais aimé le lire lorsque j’ai commencé à chercher comment ça fonctionne, le « homeschooling ». Mais la plupart des groupes Facebook m’ont ajouté une couche de stress lorsque je lisais tous ces parents inquiets de trouver quels manuels utiliser pour enseigner. Si on s’attarde à vouloir faire comme à l’école, oui, alors là il y a certainement de quoi perdre la tête. Car au départ, mon épouse voulait faire comme à l’école. Elle s’est donc assise, pendant plusieurs heures chaque matin, pour enseigner ce qu’on peut bien enseigner au niveau primaire à l’école. Mais elle devenait frustrée par le manque d’attention de notre garçon après la première heure. Après quelques semaines ainsi, elle voulait le remettre à l’école. Je me suis dit, quelque chose cloche. Est-ce normal de pousser des petits ainsi à faire la différence entre un verbe, un sujet et un déterminant, toute la journée longue ? Je suis un adulte et je confonds encore certains concepts de grammaire. Alors j’ai continué mes recherches concernant les techniques d’école à la maison. Plus je me suis renseigné, et plus j’ai prié pour être pointé vers une solution, plus je me suis ouvert l’esprit à quelque chose d’autre : le « unschooling », ou la non-scolarisation. Quand j’ai lu ça, j’ai couru à mon épouse et dit : « c’est ça ! C’est en plein ça que je veux faire, le unschooling ! ». J’avais l’air d’un enfant qui venait d’avoir la boîte du Transformers demandé à ses parents pour Noël. Grosso-modo, la non-scolarisation, c’est le concept de laisser son enfant apprendre à sa propre vitesse et selon ses intérêts, dans le but de promouvoir l’autonomie d’apprentissage. Si l’école propose de faire la page 24 du cahier d’exercice de français, moi je propose plutôt de lire le catalogue de jouets. Si l’école propose de faire les deux pages d’exercices sur les fractions, moi je propose plutôt de faire la recette de pain aux bananes. Vous voyez l’idée. L’apprentissage, ce n’est pas juste dans les livres d’école, c’est partout dans notre quotidien. Vous dites : « c’est du n’importe quoi ! ». Mon épouse disait ça aussi au début, certainement avec un grain de raison. Après tout, mon épouse et moi avons fait de longues études jusqu’au niveau universitaire, alors on ne sort pas facilement l’école si bien incrustée en nous. Pour cela, il faut « rewire » (recâbler) notre cerveau. L’être humain est une créature incroyable. Nous naissons avec les capacités de curiosité, de découverte, d’apprentissage et de création. Les bébés et les tout-petits sont des êtres hyper-créatifs, à voir les drôles de choses qu’ils font et qui nous épatent chaque jour. C’est pour cela que l’être humain est capable de grandir et d’apprendre. C’est inné, l’intérêt d’apprendre. Malheureusement, une fois mis dans l’école, cet intérêt décroit tranquillement. Pourquoi ? Parce qu’on nous indique quoi faire. On met des murs et on nous trace le chemin à suivre. Il n’y a plus l’aspect de découverte, ou du moins, il est beaucoup moins présent. L’enfant créatif laisse place à l’enfant passif. Il arrive un point où lorsque l’enfant n’apprend pas quelque chose à l’école, il ne l’apprendra pas par lui-même. La non-scolarisation, c’est le concept inverse : ne forçons pas l’enfant et laissons-le découvrir par lui-même selon ses intérêts. La curiosité et la créativité feront le reste du travail. Vous doutez ? Bien voilà. Notre deuxième garçon est niveau maternel. Il apprend à écrire des mots tout seul, selon ses intérêts, par exemple en regardant les livres sur les jeux Mario Bros. Parfois, je lui montre les lettres et quelques sons, mais il apprend tranquillement sans même qu’on s’en rende compte. Un moment il arrive et il lit un mot, à notre grand étonnement. « Comment tu as appris ça ? » Il soulève les épaules en souriant. Vraiment incroyable. Voilà, nous sommes au 11e mois d’école à la maison. Évidemment, il y a beaucoup plus que ça à discuter, par exemple la place du gouvernement dans tout cela, car nous avons certains « comptes à rendre ». Des sujets pour une prochaine fois. De notre expérience personnelle, je peux en dire que cela a été très positif pour nous. Ce n’est certainement pas pour tout le monde, il faut déjà avoir une certaine flexibilité au niveau travail par exemple. Mais si vous pouvez vous le permettre et que vous hésitez, je vous invite à y réfléchir car il y a beaucoup de possibilités. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à commenter ou à m’écrire, je ferai un autre billet inspiré de vos intérêts. |
Bouge PetitBouge Petit est un café et centre d'activités physiques pour parents avec bébés et jeunes enfants situé au 6546 avenue Papineau, Montréal. Archives
Août 2024
Catégories
Tous
|