L’irréalité, c’est d’être commerçant à Montréal. J’en ai parlé dans trois billets l’année passée. Le problème : on a le taux de taxation commerciale le plus élevé au Canada. Montréal aime être numéro 1, alors voilà une statistique de plus dans son sac.
L’inspiration de ce billet me vient de l’écoute de la capsule « Un frein aux affaires, les taxes municipales à Montréal? » de l’émission Gravel le matin. Et l’inspiration me vient aussi d’une liste croissante d’annonces de commerces qui ferment : Magasin Arthur Quentin : fermé après 43 ans MEC sur St-Denis : fermé après 7 ans Saint-Jude Gym & Spa : fermé Librairie La Feuille Enchantée à Québec : fermé après 27 ans Magasin Lozeau sur St-Hubert : vendu après plus de 90 ans Et la liste continue chaque jour. Par exemple, la rue Saint-Denis a un taux d’inoccupation commercial de 23%. Un espace commercial sur quatre est vacant ; il est soit à louer, soit à vendre. Mais d’où vient cette hémorragie commerciale ? Il existe évidemment plusieurs sources au problème, comme la circulation automobile, les chantiers, le stationnement, la compétition. Mais la plus grande part du gâteau, c’est le taux de taxation élevé attribué aux commerces. J’en avais déjà parlé dans un billet précédent, Montréal a le taux de taxation pour commerces le plus élevé de tout le Canada : soit 37.76$ du 1000$ d’évaluation foncière comparativement à 24.40$ pour Toronto et 10$ pour Vancouver (pour l’année 2018). Ainsi, le ratio de taxation d’un immeuble non-résidentiel (commercial) comparé à un immeuble résidentiel est de 4 pour 1. Par exemple, pour la même superficie, un espace résidentiel payant 1,000$ en taxes municipales, l’espace commercial en paie 4,000$. Pourquoi les commerces payent donc si cher ? Puisque la valeur des immeubles à Montréal a explosée durant la dernière décennie et qu’aucun changement n’a été apporté par la Ville pour assouplir le fardeau fiscal des commerces. Ainsi les propriétaires d’immeubles refilent la facture des taxes aux commerces via les loyers des espaces. Il devient de plus en plus difficile de pouvoir en payer les frais et de continuer à être en affaires. Les commerces tombent, un à la fois. Si la Ville ne fait rien (ou peu) pour aider les commerces, il y a une bonne raison (outre le fait que ce ne sont pas les commerces qui apportent des votes aux élections). Comme le mentionne Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal et spécialiste du commerce de détail : « La Ville est encore convaincue que la taxe sur les édifices commerciaux, c'est la manne. » En d’autres mots, les commerces paient une large part des taxes que la Ville reçoit et c’est de l’argent facile. Si la Ville réduit la part des taxes des commerces, alors elle a un manque à gagner qu’elle devra obtenir ailleurs, possiblement en augmentant les taxes résidentielles, ou, oserai-je proposer, sabrer dans ses propres dépenses et frais d’administration. Fast forward 5 ans à 10 ans d’ici, à ce rythme, il ne restera pas beaucoup de commerces encore ouverts qui pourront soutenir la part commerciale de la facture globale de la Ville de Montréal. Cela signifie, qu’un jour ou l’autre, la Ville devra arrêter de saigner à blanc le non-résident, pour sa propre survie. Mais la vraie question est : quand se réveillera-t-elle ? Plus elle attend, plus elle extermine des commerces qui pourtant étaient encore viables il y a à peine quelques années. Mais avec chaque nouvelle année vient une nouvelle augmentation de taxes. Un poste de dépenses aux proportions maintenant disproportionnées pour les commerçants. Des villes comme Toronto et Vancouver ont bien compris cette problématique et ont réduit la taxe des propriétés non-résidentielles. Par exemple, encore le mois dernier, une baisse de taxes pour les propriétés non-résidentielles a été votée à Vancouver pour aider les commerçants. À leurs yeux, il en va de la survie des commerces et des petites entreprises. Atteindre un meilleur équilibre dans la balance de taxation entre le résidentiel et non-résidentiel est essentiel pour tous. Le commercial doit continuer à payer plus, mais sans non plus être dans une situation précaire ou de survie. Car en bout de ligne, le commercial va quitter et il y aura un manque à gagner pour la Ville. Tous ces locaux vacants finiront par peser lourd sur l’ensemble des finances de la Ville. Si la Ville de Montréal ne passe pas à l’action dès aujourd’hui, les commerces continueront de fermer et un jour quelqu’un à la perception de la Ville va réaliser qu’il n’y a plus assez d’argent qui entre. Car même si la Ville de Montréal a offert un léger répit cette année aux commerces lors de son budget 2019, il faut réaliser que le problème est simplement décalé d’une année et que rien n’a été réglé. Si la Ville a besoin d’idées pour relancer l’économie locale, en voici quelques-unes que j’offre gracieusement : - réduire le taux de taxation du non-résidentiel - réduire le prix des permis commerciaux - inciter les immeubles non-résidentiel à être rénovés en offrant un crédit de taxes - surtaxer les propriétaires qui laissent leurs immeubles à l'abandon La Ville de Montréal a besoin de redynamiser son économie des petits commerces. Il est encore temps pour elle d’agir, mais le temps presse. Globalement pour la population, les commerces sont importants pour tous, que ce soit pour les emplois qu’ils génèrent, l’accès à leurs produits et services, ou la joie de vivre d’être et d’habiter à Montréal. Nous avons tous une responsabilité de passer le message à notre administration municipale. Trop longtemps, la Ville a ignoré le problème. Il est maintenant temps de passer à l’action. Aussi à lire : Billet des fondateurs : L’irréalité d’être un commerçant à Montréal (Rosemont) Billet des fondateurs : L’irréalité d’être un commerçant à Montréal (Rosemont) – Partie 2 Les commerçants de Montréal, les plus taxés au Canada ?
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